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Slovenia Tour 2025

Des sommets à la mer

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Le voyage en chiffres

  • Séjour en hôtels
  • 7 pays traversés (LU, DE, FR, AT, IT, SLO et HR)
  • 15 jours de voyage
  • Voyage en moto - Goldwing
  • 3543 kilomètres parcourus
  • 209,95 litres de carburant consommés soit 480,77kg de CO2 compensés dans des actions climatiques
  • Attestation contribution climatique 2023-2025


La Slovénie

  • République parlementaire
  • Capitale: Ljubljana
  • 2,1 millions d'habitants
  • Superficie 20.273 km2
  • Point culminant: mont Triglav - 2 864 m
  • La Slovénie utilise l’euro (€) depuis 2007
  • Les atouts : diversité naturelle — montagnes alpines, lacs, grottes karstiques, forêts et gastronomie

Saison 8

Episode II

Introduction

Préparer ce voyage en moto vers la Slovénie, ce pays d’émeraude et de brume, c’est entendre le battement fiévreux de mon cœur, sentir mon esprit s’enivrer aux promesses des routes sinueuses et aux murmures des forêts ténébreuses. Les souvenirs de mes traversées passées de la Slovénie n’ont laissé en moi qu’un éclat ineffable, une empreinte lumineuse, un appel impérieux à reprendre la route. Déployer la carte, laisser mon regard se perdre dans ses tracés, c’est déjà voyager ; chaque courbe dessinée devient une offrande. Mon âme, frémissante, s’embrase à l’idée de ces horizons retrouvés. Emu, mes yeux se porterons à nouveau sur ces majestueuses montagnes dressées vers l'azur où la lumière dorée caresse ces cimes tel un baiser. Ô Slovénie, mystique et radieuse, te revoir, c’est renouer le pacte avec l’infini, chevaucher le vent comme un cavalier héroïque, et dans ton silence vibrant, écouter à nouveau le chant profond de tes terres. Mon noble destrier de fer, paré de ses plus beaux atours, s’élance, impatient, vers toi, comme un amant vers sa bien-aimée.

Le voyage

1) 24.05.2025 - Luxembourg (LU) - Lochau (AT) - 501Km

24.05.2025

8 h 30 tapantes, Nestor (ma moto), chargé et rassasié d’essence, je m’élance pour ce voyage en Slovénie. Depuis trois ans, mes voyages, comme une migration vers le sud, me conduisaient à Venise. J’y prenais le ferry, après une escale à Innsbruck, suivie d’une traversée des Dolomites. Cette année, ce ne sera pas un cap plein sud-est, mais une sorte d’esquive chaloupée vers le Bodensee, puis la traversée des Alpes avant d’arriver en terre slovène.

Ma route est déjà jalonnée, le programme fixé, et les fantaisies rationnées, car mes hôtels jusqu’en Slovénie sont déjà réservés. Seule ma remontée est encore une inconnue. En revanche, les routes dépendront de l’humeur du jour et de la météo. Aujourd’hui, avec un temps clément, j’opte pour une descente rapide par Saarbrücken et Strasbourg, avant de profiter de la savoureuse Forêt-Noire et d’achever mon étape en longeant le Bodensee jusqu’à Lochau, en Autriche.

Pendant des années, j’ai pesté sur l’autoroute, ce long ruban anthracite qui m’ennuyait comme un discours sans verbe. Nestor et son confort impérial, son velouté unique, rendent ce moment presque agréable. Jusqu’à Strasbourg, ma route s’égrène sans grande originalité. Une fois arrivé en Alsace, le profil du Ballon d’Alsace et de la Forêt-Noire se dessine à l’horizon et promet des moments heureux.

Pic Une fois arrivé en Forêt-Noire, ce sont de vastes étendues boisées, des sapins élancés, des routes sinueuses qui m’accueillent ; un moment comme une étreinte avec un écrin de nature. Les rivières cristallines, qui serpentent entre collines et vallées, apportent de la douceur et de la poésie à ces notes champêtres. Certains paysages font écho à la Suisse par l’architecture des fermes, les verts vifs ou les champs pentus.

Puis, quelques kilomètres plus loin, le lac de Constance se dévoile à moi. Vaste miroir qui déploie ses eaux immobiles sous le regard des cieux azur. Les voiliers, tels des cygnes majestueux, glissent comme des âmes paisibles. Loin du tumulte du monde, le Bodensee respire une paix profonde et une mélodie pénétrante de sérénité.

Ce fut une journée de transition délicieuse, entre efficacité et plaisir des yeux, couronnée par la sérénité envoûtante du Bodensee.

2) 25.05.2025 - Lochau (AT) - Bolzano (IT) - 274Km

25.05.2025

Dans l’ombre de la nuit, le Bodensee a abandonné sa sérénité. Ce matin, le lac frémissait sous l’étreinte du vent ; ses vaguelettes s’échouaient en saccades sur les rives, comme un cœur blessé. La pluie, pareille à des larmes célestes, voilait sa surface. Ensemble le vent et pluie tissaient une complainte amoureuse et troublaient ces lieux. Le Bodensee, pris dans un tourment ténébreux, semblait perdu dans un rêve romantique et mélancolique.

Par tous les temps, en toutes saisons, l’Autriche est un festin pour les yeux. Pour un gastronome, c’est comme une planchette de Pata Negra grand cru, de la coppa de haute voltige, un Priorat, une côte à l’os de Wagyu, un plateau de fromages affinés, un Saint-Honoré, un Château Figeac. Voilà ! L’Autriche nourrit l’âme, l’Autriche est thérapeutique, l’Autriche enchante, l’Autriche régale — vive l'Autriche !

De Lech à Warth, le gris s’étend sans fin. Des nuages cotonneux s’accrochent à la montagne ; l’eau, la terre, le minéral se conjuguent merveilleusement. C’est l’expression d’une nature remarquable, qui se dresse devant moi et m’éclabousse par sa sobriété.

Je franchis la frontière, me glissant en Italie. A Curon Venosta, j’ai passé officiellement la frontière, mais ici, « camere » reste « zimmer ». La langue de Dino Buzzati ou de Dante n’est pas arrivée jusqu’ici — ou alors à pas de loup, et encore, des loups bien timides !

Pic La particularité de Curon Venosta est le clocher d’une ancienne église désormais immergée par les eaux d’un barrage. L’attraction est cocasse. La descente vers Malles Venosta permet de profiter d’une vue sur l’imposant dôme de glace du Grand Zébrù : un massif montagneux spectaculaire. Le fameux col du Stelvio est fermé ; j’espère pouvoir le franchir pour la septième fois sur le chemin du retour.

La vallée qui conduit à Merano est inondée d’arbres fruitiers. C’est étonnant: il y en a partout ! C’est aussi dense que la vigne en plein Bordelais. Tout au long de ce parcours, de nombreux forts, monastères et fermes improbables s’accrochent aux flancs des montagnes, suspendus dans un équilibre fragile, défiant la gravité. Le trafic, jusqu’à Merano, est dense, ce qui rend le trajet un peu haché et fatiguant. Mais le panorama, lui, est une récompense. La température a grimpé en flèche : je suis passé de 7°C humides à Warth à 24°C secs à Bolzano. Demain, le ciel se fera plus clément en Italie, et j’irai me perdre dans la majesté des Dolomites, où la nature se déploie dans une splendeur fascinante.

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3) 26.05.2025 - Bolzano (IT) - Piran (SLO) - 451Km

26.05.2025

Je quitte Bolzano et emprunte la route LS24 vers Ortisei. Soudain, s’ouvrent devant moi les Dolomites. Majestueuses, farouches, indomptables, elles livrent sans retenue leur beauté saisissante. Massives, souveraines, elles coupent l’horizon de leurs lames de pierre. Elles ne se montrent pas, elles s’imposent.

Ces crêtes dentelées, ces griffes de dolomie levées vers le ciel, ces silhouettes de rocs acérés offrent une beauté pénétrante. Je suis cerné, enveloppé par ce monde minéral sublime. La roche se teinte d’ombres et de lumière comme si le soir y avait déjà posé ses premiers soupirs. Les couleurs vacillent d’un gris profond, à l’ocre pâle, ou au pourpre fané. La brume drape parfois les roches, elle glisse le long des pentes, estompe les contours, transforme les pics en fantômes ou en cathédrales de pierre vaporeuses - des mirages entre rêve et réalité.

Je franchis le col du Sella (2218 m), puis celui du Pordoi (2239m). J’imaginais poursuivre par le col du Giau par la SP27. Mais la route est fermée. Il me faut rebrousser chemin jusqu’à Arabba. Ville hors saison, figée comme une photo ancienne, où je m’assois, seul, sur un banc déserté pour un moment de repos improvisé.

La météo menace, une hésitation me frappe – rentrer au plus vite, ou poursuivre ? Mais comment résister à l’appel du vertige, à l’élan des virages qui sculptent ma route ? Au diable les kilomètres, je cède. Je me jette dans le col du Giau (2236m) comme on se jette dans un ultime combat. Chaque virage devient une inspiration, un plaisir qui tend à la plénitude. Je plonge vers Cortina d’Ampezzo, ultime cavalcade, dernier tour de manège à bascule. Ainsi s’achève cette demi-journée suspendue telle une parenthèse pleine de grâce.

Maintenant, la redescente vers la plaine s’impose pour gagner la Slovénie. L’autoroute est à nouveau un moment sans âme. Tout est redevenu fade et fonctionnel. L’extase s’estompe, mais le souvenir, lui, s’ancre profondément. Mon âme heureuse porte haut l’éclat des Dolomites.

J’arrive à Piran, perle de la côte slovène.

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4) 27-28.05.2025 - Piran (SLO) - Repos

Précédemment, mes voyages étaient itinérants. Ils avaient pour seul dessein une destination, tel le point final d’une trajectoire. Ce qui comptait, c’était de m’imprégner des paysages, de m’abandonner à la nature, d’en savourer chaque nuance. Parfois, une halte gastronomique venait ponctuer le chemin.

La descente vers la Slovénie n’a pas échappé à cette logique. Mais, ici, quelque chose a changé. L’exploration se fait désormais depuis un point d’ancrage, et je me laisse aller à l’alternance douce entre repos et découverte.

Le premier jour à Piran, je me laisse absorber par la ville et la quiétude de ma chambre d’hôtel. Le hasard — ou la chance — m’a offert une vaste chambre, aussi grande que mon séjour, avec deux balcons ouverts à la fois sur la promenade de la ville et sur l’Adriatique. Le panorama est somptueux. Un tableau qui incite à la sédentarité heureuse.

Piran est un bijou posé sur un éperon rocheux qui s’avance doucement vers la mer. C’est un village délicat, aux ruelles pavées et sinueuses qui serpentent entre des maisons vénitiennes aux couleurs pastel. Une histoire de pierres et de sel, bercée d’accents marins, drapée dans le raffinement vénitien. Rapidement, je me sens enveloppé d’une sérénité étrange, comme si le temps s’était dissout. Le village, allongé le long de la mer, possède une esthétique rare — et pourtant, l’inspiration photographique me fuit. Je ne parviens pas à saisir la subtilité de ce lieu.

Le 28 mai, j’enfourche ma moto pour une boucle de 149 kilomètres à travers les environs. Koper, au passé glorieux, m’accueille avec noblesse. Izola, plus discrète, me laisse une impression plus fugace. L’après-midi à peine entamé, je décide de remonter vers le nord, attiré par un nom chargé d’histoire : Lipica. La Slovénie a ce charme rare : tout y semble proche, surtout quand on voyage sur une Goldwing.

Fils d’un cavalier, qui fut figurant de premier plan dans l’adaptation cinématographique de « La Princesse de Clèves (1961) », cavalier moi-même et père de filles cavalières — le monde du cheval m’est familier. Le haras de Lipica, fondé en 1580, est le plus ancien d’Europe. Il est dédié à l’élevage des lipizzans ; ces chevaux blancs, emblèmes d’élégance. Le domaine s’étend sur plus de 300 hectares, et ses installations sont à la hauteur de sa légende.

Pic Quand j’entre dans la carrière olympique, flanquée de tribunes et de cabines de juges, un frisson me parcourt. Ceux qui ont connu les reprises de dressage comprendront : ici, on est bien loin des compétitions sommaires d’un interclub.

Je me laisse ensuite entraîner dans une longue promenade en calèche. Tiré par un attelage de lipizzans, je glisse lentement dans le domaine. Très vite, l’impression d’être un simple touriste s’estompe. Le rythme régulier des sabots, le cliquetis des harnais, la brise légère qui caresse mon visage sous cette douce chaleur, rendent l’instant plus précieux. Je traverse des champs paisibles. Puis, une allée cavalière où les arbres s’inclinent avec grâce fait s’évader mon esprit. J’imagine, dans l’ombre des feuillages, les silhouettes effacées d’aristocrates d’antan, promenant leur ennui ou leur soif de découverte. Le retour au site clôt cette parenthèse enchantée.

Je regagne mon cheval de fer, un peu plus léger, un peu plus loin de moi-même. Une ultime nuit à Piran m’attend.

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5) 29.05.2025 - Piran - Ljubljana - 140Km

29.05.2025

Pic J’abandonne mélancoliquement Piran, cette belle, pour me diriger vers Ljubljana. La route s’ouvre devant moi, pour poursuivre ma procession de sites touristiques et découvrir de nouvelles merveilles.

Mon premier arrêt me mène au château de Predjama, une forteresse quasi- troglodyte, suspendue au flanc d’une falaise.

Je reste subjugué par l’audace de son emplacement et la robustesse intacte de ses pierres. Sous un ciel d’azur limpide, l’endroit semble sorti d’un conte enchanté. Il est aisé de laisser son âme d’enfant revêtir l’armure de ses rêves et de s’imaginer chevalier ou héros des temps jadis. Je devine aussi la rudesse des hivers, où le froid et la neige tenaient ces lieux prisonniers, où l’âme devait se figer plus sûrement que le sang dans les veines. Pic

Je m’émerveille aussi devant l’ingéniosité des anciens bâtisseurs et leur subtil réseau pour drainer l’eau de la voûte rocheuse au-dessus de la forteresse et l’amener vers des réservoirs. Les rêveries moyenâgeuses s’achèvent et je fais route vers les grottes de Postojna.

En arrivant sur le site, l’infrastructure touristique m’a d’abord légèrement rebuté ; j’avais l’impression de pénétrer dans une vaste machine à touristes. Tous les guides s’accordent pourtant à décrire cette attraction comme exceptionnelle. Dès 1872, le lieu était déjà exploité à des fins touristiques. Mon Ariège natale est bien pourvue en grottes, et, c’est avec un mélange de scepticisme et de curiosité que je me laisse entraîner.

Pic Ce qui frappe, c’est d’abord l’immensité du réseau souterrain. S’étendant sur 23 kilomètres, dont seule une infime partie s’offre au public. Les trois premiers kilomètres s’effectuent à bord d’un petit train, rappelant ceux utilisés dans les mines. Cet itinéraire est une succession de salles, chacune plus étonnante que la précédente, tant par sa richesse géologique que par sa majesté silencieuse.

La visite se poursuit ensuite à pied, sur un sentier d’environ un kilomètre et demi. Bien balisé, il invite à la découverte en toute sécurité. Une petite laine est recommandée, car la fraîcheur humide, aux alentours de 10 degrés, s’installe durablement. L’itinéraire se conclut dans un grandiose théâtre souterrain aux dimensions impressionnantes : 60 mètres de diamètre sur 45 mètres de hauteur.

J’ai visité bien des grottes, exploré à la lampe acétylène certaines encore sauvages, mais, ici, l’ampleur du lieu fascine. Le nombre et la taille des formations minérales, des cascades pétrifiées aux stalagmites et stalactites, suscitent l’admiration et racontent l’histoire silencieuse du temps. Le site est une merveille naturelle, sublimée par une section vivarium où évoluent des animaux cavernicoles, comme le « Proteus anguinus », ce petit dragon des eaux sombres, fragile survivant d’un monde souterrain hostile.

Au terme de ces deux visites, après les kilomètres parcourus à pied et les innombrables marches gravies, j’arrive fourbu en fin d’après-midi à Ljubljana, chargé de souvenirs et les yeux encore éblouis par ces merveilles souterraines.

Le soir venu, l’appel gastronomique me gagne irrésistiblement. Je me laisse guider vers l’excellent restaurant vegan, « Le Compa », où, patiemment, la braise caresse une côte à l’os de bœuf « de tofu » (ou pas), maturée avec sagesse pendant quarante-cinq jours. Ce délice fut précédé de champignons nappés de gorgonzola, ainsi que de fleurs de courgettes délicatement bardées de coppa et fourrées à la ricotta. Le tout fut accompagné d’un vin rouge slovène, issu des vignobles de la région de Brda, d’une élégance et d’une profondeur sublime. Après trois jours passés en bord de mer à savourer du bar grillé, il me semblait nécessaire de renouer avec les plaisirs terreux et généreux de la cuisine à l’âme gauloise.

6) 30.05.2025-02.06.2025 - Ljubljana

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30 mai: Ljubljana, déploie son charme avec une élégance sereine. Elle se pare de son architecture « art nouveau » ; ses façades renvoient à une histoire riche de raffinement et de créativité.

La ville est dominée par son château ancré sur un piton rocheux. La vue panoramique au sommet de sa tour est somptueuse. Elle court des toits de briques de la ville en contrebas jusqu’aux lointaines montagnes encore légèrement enneigées. Depuis cette forteresse, je contemple la courbure de la Ljubljanica, qui enlace les quais pleins de vie.

Pic Blotti contre les quais, le marché local est un kaléidoscope de couleurs de fruits et légumes. Les produits semblent authentiques, venus des campagnes environnantes. Plus loin, le marché de « street food » embaume l’air d’arômes de cuisines variées pour les voyageurs gourmands.

Pic Sur le chemin du retour vers l’hôtel, mon regard est attiré par deux Goldwing arborant une plaque d’immatriculation peu commune. Je m’approche et engage la conversation. Ces deux motards viennent d’Arabie Saoudite. Leur périple les a menés à traverser l’Irak, puis la Turquie, avant d’atteindre la Slovénie. Cette longue route audacieuse devrait les conduire jusqu’au Maroc.

Un simple « salam » échangé scelle ce moment fugace de fraternité. Le temps a paru différent, les frontières semblaient vaporeuses. Chacun reprit sa route, porteur d’une histoire unique, faite de rencontres éphémères mais précieuses, témoignant que, sur la route, les barrières s’estompent et que souvent le monde s’unit dans le murmure du vent et le feulement des moteurs.

7) 31.05.2025 - Ljubljana - Ljubljana - 166km

31.05.2025

Le programme du jour est de dessiner une boucle vers le nord, à la découverte des paysages alpins qui jouxtent la frontière autrichienne. Premier arrêt à Kamnik, charmant village tranquille au charme du temps des Habsbourg.

Passé Kamnik, la route se fait plus virevoltante. Le décor devient alpin : les châlets de bois sombre et les fermes solitaires parsèment les versants, comme figés dans une peinture vivante. En cette journée chaude, les champs vibrent d’activité : le fauchage et l’andainage rythment la vie rurale. L’air embaume l’herbe fraîchement coupée, le foin mûr, cette senteur joyeuse et estivale qui évoque mon enfance.

Je remonte la Savinja, rivière aux eaux cristallines surnaturelles. Puis vient le col de Pavličevo, qui me fait franchir discrètement la frontière autrichienne. La route, sinueuse à souhait, devient un terrain de jeu exaltant pour les motards : des dizaines d’épingles sculptent la montée, et comme dit la couturière « les épingles tiennent le col ! ».

Je redescends le long de la Kokra, petit torrent aux courbes tendres, qui file avec élégance entre les rochers. Puis, la plaine s’ouvre à nouveau, vaste et familière, m’invitant à regagner Ljubljana.

Une journée simple en apparence, mais portée par une lumière exceptionnelle, des routes enivrantes, et des paysages d’une beauté rare. Pour couronner la journée, le PSG gagne la finale de la League des Champions contre l’Inter de Milan par un score de 5-0 !

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8) 01.06.2025 - Ljubljana - Ljubljana - 197km

01.06.2025

Le programme du jour s'inscrit dans la continuité de celui d'hier : une boucle tracée vers l’est de Ljubljana, serpentant à travers les montagnes pour rejoindre Bled et sa célèbre église solitaire, posée sur son île au cœur du lac.

Aujourd’hui, la Slovénie m’a offert ses collines aux lignes douces effleurant l’horizon et de splendides camaïeux de verts. Tout au long de ma route, des cimes majestueuses se dressent fièrement vers le ciel, tandis que lacs et ruisseaux d’une pureté merveilleuse, se lovent dans le creux des vallées. Les routes exaltent mon plaisir de conduire ; elles dessinent des courbes parfaites, un véritable festin. Même sous cette chaleur (30°C), chaque instant est un délice, une jouissance silencieuse. Je déguste ces privilèges et savoure les plaisirs offerts par la Slovénie.

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9) 02.06.2025 - Ljubljana - Opatija (HR) - 199km

02.06.2025

Cet épisode slovène se voit interrompu par un gracieux interlude croate. Je mets le cap plein sud, pour une journée de baignade et de farniente sur les rives accueillantes de l’Adriatique.

Je quitte Ljubljana, passe par Ig et rejoins Cerknica. Cette route qui s’évade dans la montagne offre à la conduite un plaisir immense, et aux yeux, un enchantement constant. Un mélange, frappé de simplicité et de sérénité, qui égaye simplement l’instant.

Les paysages slovènes ont ce don rare de séduire sans en faire trop : sans outrance, sans grandiloquence, sans ostentation, le charme opère. Tel le trait simple et épuré de l’artiste, il vous atteint en silence, vous pénètre avec délicatesse et vous enveloppe de bonheur.

J’arrive au lac intermittent de Cerknica, situé dans le parc régional de Notranjska. Du sol, il est difficile d’appréhender l’étendue et la mécanique de cette lande qui alterne périodes terrestres et aquatiques en fonction des pulsations hydrologiques.

La frontière croate passée, je m’offre une halte. J’opte pour longer la Čabranka — ou Kolpa, selon l’humeur de la langue — et me glisse dans la vallée qui serpente jusqu’à Čabar. Plus loin, je repasserai le col pour redescendre sur Rijeka.

Cette mince rivière, presque timide, forme la couture entre la Slovénie et la Croatie. De 1991 à 1995, elle fut une ligne de fracture entre deux destins : l’un plongé dans la guerre, l’autre tendu vers la paix. De mai 2004 à juillet 2013, elle fut frontière extérieure de l’Europe. Étrange sort que celui de ce frêle filet d’eau, surmonté de ponts incertains et fragiles, qui relient deux rives et deux destins.

Difficile d’imaginer que deux frères, à l’étreinte rompue allaient suivre des trajectoires si dissonantes avant de se retrouver, vingt-deux ans plus tard, sous un même horizon européen. En moi résonne le poème du « Le Dormeur du val » comme un monde qui ne guérit pas toujours de ses frontières.

Ce détour historique me ramène à mon carrefour vers Rijeka. Mais voilà : le col est fermé. Dilemme du voyageur — rebrousser chemin ou improviser. La vallée est certes douce et paisible, mais je choisis l’imprévu. Va au diable, petit col ! garde tes lacets, tes secrets, dévoile-toi sans vergogne, à d’autres voyageurs ; moi, je préfère le détour et l’aventure.

C’est là, dans ce léger désordre, que se cachent les véritables délices du voyage : cette capacité à improviser, se réinventer, s’adapter, à transformer les obstacles pour atteindre son but.

Je descends le fil de ma rivière jusqu’à Brod na Kupi. Elle a grandi. D’enfant fragile, elle devient adulte, grave et sûre. Je m’arrête à Mrzla Vodica, posé sur son lac d’accès difficile, mais au silence certain. Puis, c’est la descente vers Opatija pour regagner mon havre de paix pour les prochaines 48 heures.

Opatija, c’est un petit coin d’Adriatique comme on en imagine dans les marges des atlas oubliés : coquet, lumineux et insolent de beauté. Le clapotis des vagues claque comme des applaudissements feutrés, l’air y sent le sel. À peine le sac défait — ou abandonné à son sort — j’opte pour une transformation express : de biker à naïade en goguette. Me voilà maintenant dans les bras tièdes de l’Adriatique. La mer me porte, me berce, m’absout, elle me parle une langue mystérieuse que je comprends sans la connaître — Je jubile !

Si l’endroit est coquet ; la table l’est tout autant. Ce soir, je festoie — sans honte ni remords. Avec brio, la brigade met en avant les produits de la région et honore le terroir avec un soin exquis. Chaque plat est un hommage discret et intelligent. Cette gastronomie m’enchante et régale mes papilles — Ainsi s’achève un jour heureux.

10) 03.06.2025 - Opatija (HR) - Repos

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11) 04.06.2025 - Opatija - Spodnja Idrija (SLO) - 207km

04.06.2025

Je quitte mon havre de paix, où le souvenir reste exquis : la vue, la baignade, le repos, et bien sûr, la table. Un lieu où l’on peut s’extraire du monde et laisser les vicissitudes de l’existence s’éloigner, comme une brise légère qui effleure l’âme.

À peine sorti de l’hôtel, la route qui me conduit vers la frontière slovène me gratifie d’une vue imprenable sur l’Adriatique, d’une pente sauvage et d’une farandole de virages aussi burlesques les uns que les autres.

La journée étant courte et la frontière déjà franchie, je dessine une boucle pour déambuler dans les vignobles de Vipava. Ces vignes sont particulières par leur hauteur. Elles paraissent être surélevées pour les laisser respirer par la base, offrant ainsi une ventilation naturelle et un spectacle étonnant.

Pic Je m’improvise une halte, bien inspirée, au « Château de Štanjel ». Ce village fortifié du XIIIe siècle, perché sur une colline, domine les environs par sa vue saisissante. Ses pierres séculaires, patinées par le temps, murmurent des récits de chevaliers et de seigneurs. Les arbres, brassés par la brise, offrent une invitation douce à se perdre dans ce paysage suspendu, hors du temps, où le ciel et la terre se confondent.

Ce qui fait la singularité de « Štanjel », c’est la coexistence harmonieuse entre les lieux culturels remarquablement restaurés, les maisons rénovées et habitées, et les vieilles pierres qui attendent, comme endormies, la main de l’homme pour les faire revivre. Tout cela s’intègre parfaitement dans cet écrin médiéval, authentique et préservé.

Sous la chaleur accablante, les papillons virevoltent autour des buissons de romarin nichés dans des amas de pierres, tandis que des abeilles, enivrées de lavande, tournoient dans un bonheur euphorique. Ce paysage me rappelle la Provence. Ce moment de rêverie touche à sa fin. La route me gratifie une dernière fois de ses suaves courbes. J’arrive à Spodnja Idrija ma halte pour les deux prochaines nuits.

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12) 05.06.2025 - Spodnja Idrija - Spodnja Idrija - 187km

05.06.2025

Le repas d’hier soir fut un enchantement. La Slovénie est une terre qui honore la gastronomie avec une sincérité rare. Ce matin, le temps est capricieux et changeant au gré des humeurs du ciel. Je dessine une boucle autour de mon confortable logis, comme pour mieux apprivoiser les alentours.

La journée commence par un petit duel cartographique : Google Maps contre OpenStreetMap. Le premier m’indique que la route 610, menant à Dolenja Trebuša, est praticable. Ma fidèle application Scenic, fondée sur OpenStreetMap, soutient le contraire. Par esprit de “challenge”, je choisis de suivre Google, décidé à désigner un vainqueur à ce duel. Évidemment, OpenStreetMap l’emporte : me voilà contraint de rebrousser chemin après 14 kilomètres d'une route merveilleuse mais qui s’achéve par une piste impraticable pour ma moto.

Ce détour inattendu m’aura au moins permis d’observer qu’à l’est, le temps est menaçant. J’en profite pour repasser par l’hôtel et prendre mon équipement de pluie par précaution. Le ciel joue à pile ou face, et mon instinct me souffle que la pièce pourrait bien retomber du côté “averse”.

Pic Ma route me conduit dans la vallée de la Soča, en direction de Nova Gorica. À Most na Soči, je suis soudain frappé par l’intensité de la couleur de la rivière : un turquoise éclatant, presque irréel. Je m’arrête, écarquille les yeux, me les frotte même, convaincu un instant d’être victime d’une hallucination. J’ai déjà vu des eaux de montagne ou de glaciers aux teintes turquoises et laiteuses, mais ici, on croirait qu’un bougre a renversé un tube de gouache dans le courant. Cette étonnante couleur vive m’accompagne jusqu’à Nova Gorica, ville à cheval entre Italie et Slovénie, divisée et réunie à la fois.

Pic Comme à la frontière croate, l’Histoire s’impose ici avec force. Nova Gorica, comme Berlin jadis, fut partagée par un mur. Il en reste des vestiges, témoins muets d’une époque pas si lointaine. Côté italien, la “Piazzale della Transalpina” partage aujourd’hui son espace avec la “Trg Evrope”. De 1947 à 2004, un mur se dressait ici, matérialisant la séparation entre l’Europe libre et un État satellite du bloc soviétique. Ce mur est tombé, mais la ligne, elle, s’est déplacée : vers la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne… je ne peux m’empêcher de penser au sort du peuple ukrainien.

Je quitte Nova Gorica par les montagnes pour rejoindre Spodnja Idrija. La route serpente à travers des paysages sublimes — la Slovénie excelle à distiller ces instants de grâce, où la beauté se niche dans chaque virage, chaque panorama, chaque souffle d’air. Une route, un jour, des souvenirs gravés en ma mémoire pour toujours.

13) 06.06.2025 - Spodnja Idrija (SLO) - Innsbruck - Mösern (AT) - 443km

06.06.2025

Ce dernier jour en Slovénie a le goût d’une page qu’on hésite à tourner. Le silence du matin est plus dense, chargé de cette nostalgie douce-amère qui précède les départs. Le rideau va bientôt tomber, le spectacle touche à sa fin. Chaque geste devient alors un rituel : ranger ses affaires, contempler une dernière fois le paysage depuis la fenêtre, étudier la météo, tracer mentalement sa route, et ponctuer l’instant d’un soupir discret.

Pour être efficace, mon itinéraire alternera entre le plaisir de conduire et l’efficacité des grands axes routiers. Comme une ultime estocade, la Slovénie me gratifie d’un tableau de toute beauté. Le col de Vršič, reliant la vallée de la Soča à Kranjska Gora, est une merveille. Je me réjouis de pouvoir le descendre vers Kranjska Gora par ce beau jour sec. Hier, sous la pluie, ses épingles pavées, luisantes, m’auraient bien moins amusé. Ce revêtement semble d’ailleurs fait pour tempérer les ardeurs des pilotes les plus gourmands. Plus tard, la route entre Kötschach-Mauthen et Tessenberg me gratifie d’un panorama saisissant et d’une farandole de virages, de montées et de descentes, pour mon plus grand bonheur.

La journée s’étire, paisiblement. En fin d’après-midi, je décide de faire halte à Mösern, un village qui surplombe la vallée à une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’Innsbruck.

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14) 07.06.2025 - Mösern (AT) - Luxembourg - Retour - 611km

07.06.2025
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Conclusion

Slovénie

La Slovénie, c'est ce velours soyeux qui vous enrubanne avec tendresse, un moment d'amour discret lové dans un écrin feutré, où tout devient possible sans que rien ne soit jamais exigé.

Sublime Slovénie, tu offres une dose d'érotisme permanent, subtile et insaisissable. Sous les cimes argentées des montagnes, là où la brume épouse les crêtes avec une lenteur voluptueuse, le vent dévoile une dentelle évanescente — comme celle échappée d'un décolleté audacieux, où l'œil s'égare, et le souffle suspend son cours.

Les eaux turquoises et capricieuses de la Soča, où l'onde glisse sensuellement sur des pierres douces, telle une caresse sur une peau nue. Tout est ici suggestion lente, organique et vivante.

La transparence de tes torrents de montagne évoque un tissu diaphane qui suggère sans jamais rien dévoiler, toujours sur le fil de la nudité. Tes vallées profondes, ourlées de silence, et tes clairières secrètes sont autant d'invitations à se perdre, à découvrir un relief tendre et fertile.

Peut-être qu'un pli de lumière, ou un souffle de vent audacieux fera tomber l'étole — et alors, l'extase céleste innondera de sa vague brûlante. La nature n'habille pas la Slovénie ; elle suggère un désir de découverte, fait naître la promesse du frisson qui éveille le désir et libère l’âme à jamais.


Conseils & Recommandations

Toutes les recommandations ci-dessous sont des références non-sponsorisées

 Les routes immanquables

 Traces & Gpx

 Les très bonnes adresses

Se loger / Se restaurer

 Les bons vins

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Sublime blanc slovène qui se marie magnifiquement avec les produits de la mer, une note d'agrumes discrète et une épice en arrière goût. Une découverte à re-déguster.

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Excellent rouge slovène parfait pour les viandes, des notes de fruits rouges. Une touche de Saint-Émilion.

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Excellent rouge slovène des notes de prune, complexe et long.

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Excellent blanc croate, au nez des notes d'agrumes et de fleurs blanches, en bouche une note de pêche blanche suivi d'une légère amertume "pissenlit" un accord avec parfait avec du poulpe et du thon.

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Très bon blanc slovène.

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Un rouge doux slovène, proche d'un madère, distingué et délicieux parfait pour accompagner le chocolat.

 Lieux immanquables

 Document(s)


Tableaux de bord

Ces tableaux de bord visent, d'une part, à répertorier les vitesses moyennes indicatives et, d'autre part, à connaître la consommation de carburant. La consommation de carburant permet de calculer l'empreinte carbone du voyage et de compenser cette dernière. La compensation se fait via des programmes de reforestation. Cette solution est, certes, imparfaite mais c'est un acte concret qui permet d'être conscient des enjeux climatiques et de modestement contribuer à minimiser son impact quand on voyage.

Tableau kilomètres journalier

Date Kilomètres roulés Temps (Départ/Arrivée) Commentaire
24.05.2025 501,2 8h35 8h30 Départ - Index kilométrique 8993 - LU-AT
25.05.2025 274,4 6h12 AT-IT
26.05.2025 451,3 8h27 IT-SLO
28.05.2025 149,6 6h07 SLO
29.05.2025 140,4 6h22 SLO
31.05.2025 166,3 6h23 SLO
01.06.2025 197 4h45 SLO
02.06.2025 199,1 5h18 SLO-HR
04.06.2025 207,3 5h22 HR-SLO
05.06.2025 187,1 5h00 SLO
06.06.2025 442,6 8h19 SLO-AT
07.06.2025 610,8 8h18 AT-LU - Index kilométrique final 12536

Tableau consommation carburant

Date Index kilomètrique Litres de carburant acheté Coût € Commentaire
23.05.2025 8985 17,75l 27,94€ L SP98
24.05.2025 9301 18,10l 31,66€ DE SP98
24.05.2025 9493 10,45l 18,80€ AT SP98
25.05.2025 9650 8,49l 15,51€ AT SP98
26.05.2025 9949 16,59l 29,18€ IT SP95
26.05.2025 10313 19,67l 32,65€ SLO SP100
31.05.2025 10666 19,00l 31,58€ SLO SP100 (1,662€/l)
02.06.2025 10955 16,24l 23,29€ SLO SP95 (1,434€/l)
04.06.2025 11290 17,60l 29,27€ SLO SP100
06.06.2025 11609 17,40l 25€ SLO SP95
06.06.2025 11903 13,80l 22€ AT SP95
07.06.2025 12250 18,62l 32,01€ DE SP95
07.06.2025 12536 16,24l 25,30€ LU SP98

Crédits

Merci à mes ami(e)s et proches pour le support. Un grand merci à Danielle B. pour le travail de relecture.

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